On n’attendait pas les Albigeois à pareille fête et en si bonne position mais en remportant une septième victoire ce weekend, ils consolident ainsi leur seconde place au classement du Pro d2 au terme de la onzième journée. Pour autant, les hommes d’Ugo Mola ne se prennent pas pour ceux qu’ils ne sont pas. D’autres le font tellement mieux à leur place… Voyez, à Agen, on explique de leur côté ce dernier échec par le grand nombre de blessés et l’absence de quelques internationaux retenus pour la tournée d’automne. C’est tellement plus rassurant comme cela ! Que voulez-vous, la « classe biberon » du SUA n’aurait pas encore le talent de la jeune classe des inconnus du SCA. Car à en croire le journal SudOuest, avec toutes ses armes, le SUA n’aurait sans aucun doute fait qu’une bouchée des Tarnais et les prophéties d'Ugo Mola se seraient révélées exactes. Ces ambitieux Lot-et-Garonnais, un brin suffisants, ont peut-être aussi perdu le match à Albi avant de l’avoir joué. Après tout, ils ne s’étaient pas cachés de faire de cette rencontre, ni plus ni moins, que le énième lancement de leur saison. Ils voulaient tellement ravir aux Albigeois cette place de dauphin. Comme si les Tarnais se retrouvaient là par hasard. Comme si c’était « Dame chance » qui leur avait permis de gagner à Bourgoin, à Massy ou encore à Aurillac.
Non, rassurez-vous « jeunes Albigeois », votre victoire n’a rien d’une surprise. Elle est en réalité d’abord le fruit d’un travail acharné sur les bases de ce jeu : touche, mêlée, défense. Car excepté les dix premières minutes et les deux premières entrées en mêlée, le SCA n’a jamais failli sur ces fondamentaux et a ainsi construit patiemment son succès face à un des favoris pour la montée. Le SCA n’a jamais vraiment tremblé non plus durant toute cette partie. Déjà la première attaque des « jaune et noir » s’était construite sur un ballon de récupération à partir d’une défense haute et agressive (4’) et avait donné le ton à une rencontre qui se jouerait d’abord devant, sur la ligne de front. Puis, si le buteur Agenais Francis avait ouvert la marque sur pénalité (5’), il avait aussi connu l’échec sur sa première tentative (2’). Mais l’entame avait surtout été marquée par l’indiscipline des locaux puisqu’ils accusaient un débours de quatre pénalités contre une au bout de dix minutes de jeu. Toutefois une seule pénalité suffit à Peluchon (une nouvelle fois à 100% de réussite) pour remettre le SCA dans le sillage des Agenais tout de suite, 3 à 3 (8’).
Et en bon élève, Albi, sur la troisième mêlée, corrigea sa position sur cette phase de jeu et ne sera plus dès lors mis en difficulté dans ce secteur. C’est même eux qui prendront finalement le dessus en fin de partie. Le combat avait donc surtout lieu devant et sur une charge monstrueuse, Tonga mis KO le demi de mêlée Balès (18’) qui dut laisser sa place. S’ensuivit le premier gros temps de jeu des Albigeois. Ils finirent par mettre à la faute leurs adversaires et passèrent ainsi devant au score, 6 à 3 (20’). Et puis, une nouvelle longue séquence s’enchaîna mais Barthélémy prit l’option du jeu au pied et redonna le ballon aux Agenais qui trouvèrent une touche dans les vingt-deux mètres adverses (22’). Il s’en fallut alors de peu que sur une attaque classique Tagotago inscrive en bout de ligne le premier essai (24’). L’ailier aplatit bien mais l’essai fut refusé pour un en-avant de passe. En conséquence, on assistait à un match âpre mais cadenassé de part et d’autre. Seuls les buteurs avaient eu l’occasion de faire bouger le tableau d’affichage. Francis (26’) et Peluchon (30’) avaient en effet ajouté trois points de plus. Et de chaque côté, on avait connu un échec, Barthélémy sur une tentative de drop (38’) et Francis sur une nouvelle pénalité (40’). La mi-temps était sifflée sur la marque de 9 à 6 en faveur du SCA ; tout restait encore à faire.
Si le match était fermé, les offensives Albigeoises étaient cependant un peu plus tranchantes. C’est sur l’une d’elles, au retour des vestiaires, qu’Albi marqua d’ailleurs le seul essai de la rencontre. A l’origine, à nouveau une percussion de Tonga, puis une bonne lecture de la défense du SUA par Barthélémy qui sur le coup démarqua Valençon. Ce dernier, en débordement, adressa un coup de pied de recentrage. A la réception, Rodokuru, d’une passe acrobatique, continua à faire vivre le ballon. Un maul se forma au pied des poteaux d’où Théo Entraygues s’extraira pour aplatir derrière la ligne (42’). Avec la transformation de Peluchon Albi venait de faire le trou et menait alors 16 à 6.
La réaction des Lot-et-Garonnais ne se fit pas attendre. Mais la défense du SCA jouait bien le coup et amenait en permanence les attaquants sur les extérieurs qui finissaient à chaque fois en touche. Les Agenais étaient aussi trop maladroits ou trop indisciplinés pour vraiment inquiéter les Albigeois. A vrai dire le SCA restait avant tout campé sur ses gardes pour éloigner le danger et ne cherchait plus à s’exposer au risque de vivre le genre de trou d’air d’une vingtaine de minutes comme trop souvent observé sur les dernières sorties. Peluchon (52’) et Francis (55’) convertissaient tour à tour une nouvelle pénalité, de la sorte l’écart restait le même, 19 à 9 en faveur du SCA. Puis les deux équipes se retrouvaient en infériorité numérique suite à quelques chamailleries entre Tétrashvili et Lafoy (62’). Toujours pas de quoi bousculer les équilibres en place.
Néanmoins, dans le dernier quart d’heure, Albi eut l’occasion de tuer le match après que Ponnau ait arraché un ballon dans un regroupement (67’). Hamadache au relais amena sur lui plusieurs Agenais, ce qui désorganisa la défense adverse. Barthélémy joua alors au pied dans l’espace libre pour Lacroix. A la course Mazars sauva in extremis son camp.
Bref, en fin de match, les deux équipes mirent beaucoup de volume de jeu et c’est Agen qui faillit à nouveau se faire contrer sur un ballon rendu à Barthélémy. L’ouvreur Albigeois choisit de jouer au pied alors que le ballon était peut-être meilleur à jouer sur l’extérieur face à une défense qui n’avait pas eu le temps de se replacer. Sheklashvili remplaçait Hamadache au poste de pilier et dès son entrée le Géorgien mit à la faute son vis-à-vis, 22 à 9 (72’). C’en était fini des espoirs de victoire pour le SUA, surtout que le pack Albigeois était maintenant dominateur. Restait pour Agen un point de bonus défensif à aller chercher mais il fallait encore marquer à deux reprises. Rien de tout cela, seule une combinaison en touche faillit surprendre l’alignement Tarnais. Mais à dix mètres de la ligne, le talonneur ne put capter le ballon bien remis par son pilier et alors qu’il avait le champ libre.
Score final : 22 à 9 en faveur du SC Albi.
Ainsi, grâce à cette nouvelle victoire, Albi s’est rapproché un peu plus du maintien qui est son premier objectif de la saison. Aussitôt le match terminé, l’équipe qui se bonifie à chacune de ses sorties s’est de suite projetée sur la réception de Carcassonne. Parce que les Audois vont venir au Stadium avec l’envie de laver l’affront qu’ils viennent de subir face à Mont-de-Marsan. Les Albigeois sont prévenus ; ils s’apprêtent d’abord à accueillir des hommes blessés avant justement d’aller clôturer le bloc chez les Montois et de tenter de résister le plus longtemps possible encore au retour des cadors de la Pro D2 derrière d’irrésistibles Palois qui caracolent toujours en tête.
Intouchables Palois ? En trois journées, Albi vient de leur reprendre sept points au classement et Colomiers huit. Des Columérins euphoriques qui atomisent même le leader chez eux ce weekend (victoire 50 à 11). Certes, tout cela ressemble fort à une impasse des Béarnais mais il vaudra mieux qu’ils aient de nouveau la tête à l’endroit pour la réception de l’USAP dans huit jours sans quoi ils pourraient perdre encore plus de leur superbe dans les semaines à venir. On aurait probablement tort de croire que cette Pro D2, plus dure et plus serrée que jamais, ait déjà livré en partie son verdict. Outre Pau, Carcassonne et Béziers font les mauvaises opérations de la onzième journée. A qui le tour ? Rien n’est définitivement acquis au tiers du championnat et Ugo Mola fait bien de rappeler sans cesse aux siens qu’il faut savoir raison garder et ne pas s’emballer avec cette deuxième place. Et si c’était là la clef de la réussite actuelle du SCA, l’empêcheur de tourner en rond de ce Pro D2 !