| 20 à 0 en faveur du SCA après un quart d’heure de jeu… et une défaite 27 à 23 au bout. Mais comment a-t-on pu assister à un tel renversement ? Peut-être déjà en reconnaissant que le score qui prêtait jusque-là à croire à un match à sens unique entre Albi et Béziers était finalement trompeur au vue des intentions réelles de jeu qu’affichèrent les visiteurs dès le début de la partie. Leurs initiatives avaient en effet toujours été mal récompensées, que ce soit sur mêlée en raison de l’échec du buteur sur pénalité (8’) ou dans le jeu courant comme sur cet essai sauvé de justesse par Peluchon dans son en-but suite à un judicieux coup de pied à suivre de Suchier pour son ailier (10’). Pour autant les départs au ras des regroupements des hommes costauds de l’ASBH faisaient déjà très mal et n’étaient pas annonciateurs de bonnes nouvelles pour les locaux. Il fallut bien souvent la vigilance et le fort abattage de la troisième ligne Albigeoise pour colmater les brèches. Sauf que le pack Tarnais y laissa beaucoup de forces et qu’il le paya au prix fort un peu plus tard.
Peut-être aussi que les gestes de nervosité des biterrois agacèrent Monsieur Zitouni, lequel après un simple premier avertissement pour un coup de poing à joueur à terre sortit le carton jaune pour plaquage haut à l’encontre de Toevalu (13’). Ainsi, après avoir ouvert la marque sur pénalité suite à un ballon conservé au sol (3-0, 4’), Peluchon ajouta trois points de plus (6-0, 14’). L’addition aurait même pu être plus lourde si Tavalea repris à cinq mètres de la ligne n’avait pas à l’impact tombé le ballon (12’). Et en infériorité numérique les affaires biterroises s’engagèrent ensuite de la pire des manières.
Tout alla très vite. D’abord Hamadache sonna la charge et put transmettre à Barthélémy au soutien. L’ouvreur Albigeois, arrivé dans le bon tempo, n’eut qu’à plonger derrière la ligne pour aplatir le premier essai (13-0, 21’). A un de plus, le pack Albigeois avait pris l’ascendant (23’) et les bases de lancement des actions étaient du coup meilleures et plus tranchantes à l’image de cette passe à hauteur de Taumoepeau pour la fusée Rodokuru. L’ailier fidjien fila ainsi sous les poteaux inscrire le deuxième essai (20-0, 25’).
Retour du carton jaune, et à quinze contre quinze, Albi baissa du pied et le jeu de l’ASBH redevint plus séduisant. Les biterrois franchirent une première fois le rideau défensif Albigeois pour se retrouver dans l’en-but mais le joueur ne put se retourner pour aplatir (28’). Une bonne défense et un bon jeu au pied de Barthélémy et Peluchon retardèrent quelques temps le retour de Béziers à la marque. Mais comme lors des deux dernières sorties (à Narbonne et Montauban), à l’approche des citrons, l’édifice du SCA se craquela et finit par céder sur un bijou de passe en cloche de Suchier pour Puletua à la réception, en terre promise, pour marquer l’essai (7-20, 38’).
Il y avait assurément deux belles équipes sur la pelouse du Stadium Municipal et ce genre de spectacle est vraisemblablement avant-coureur d’une prochaine retransmission TV. Ça se murmure apparemment en coulisse pour la réception d’Agen. La dernière banderille de ce premier acte fut pour Lacroix. Le meilleur marqueur Albigeois vit un trou mais comme Tavalea en début de partie il fut repris à cinq mètres de la ligne. Manquant de soutien, il perdit le ballon et son équipe, par-là même, une belle occasion de reprendre le large (40’).
Avec treize points d’avance au compteur, l’inquiétude n’était cependant pas de mise pour les partenaires d’André au moment de la reprise. Peut-être que du côté Albigeois on ne connaissait pas la légende de Saint Aphrodise sinon on se serait certainement beaucoup plus méfié des rouge et bleu et on se serait mieux fait respecter dans les rucks. Aphrodise, ce fut le premier évêque de Béziers consacré par l’évêque de Narbonne vers l’an 250. Venu d’Egypte, il se déplaçait sur son chameau qui dans le temps est devenu l’emblème de la ville et, depuis quelques années, celui également de la mascotte de l’ASBH, « lou camélou ». Mais pour avoir trop activement prêché la parole de Dieu, Aphrodise fut décapité et sa tête jetée dans un puits. Et ce que les Albigeois ne savaient pas, et que la légende nous apprend, c’est que la tête d’Aphrodise revint à la surface et que le saint retrouva ainsi sa tête…
Samedi soir, tel Aphrodise, les Biterrois retrouvèrent bien au grand dam de leurs adversaires leur tête et leur esprit au début de la seconde période, au point que les Albigeois apparurent tout à coup comme perdus sur le terrain, et au même titre que leurs supporters complètement sonnés devant le déroulement des évènements. Imaginez, en à peine plus d’un quart d’heure, la marque passa de 20 à 7 en faveur d’Albi à 27 à 20 pour Béziers (56’). La vitesse d’exécution de l’ASBH fut telle que les joueurs du SCA parurent alors évoluer deux divisions en-dessous, véritablement asphyxiés par le volume de jeu mis par les biterrois. Ils encaissèrent d’abord un essai par Peyras-Loustalet (14-20, 45’), puis deux pénalités par Suchier (50’ et 53’, 20-20), et enfin un nouvel essai par le piler Boughamni (27-20, 58’). Euphoriques ces Biterrois ; tout le peule de Biterre avait sonné la révolte… « À tout jamais, aqui es Bésiers », entendait-on monter des travées.
Renversant ! Mais pas de quoi crier au scandale du côté des « Golgoths Cathares » ni de chercher de fausses bonnes raisons dans des supposés en-avant ou des passages à vide à l’origine des actions amenant les essais Biterrois. L’équipe d’Albi, incapable de soutenir le rythme, a bien, à ce moment-là, sombré corps et âme sous les coups de boutoir de l’ASBH et sa défense a fini par voler en éclat suite au carton jaune reçu par Davetawalu pour faute technique (49’). Albi avait déjà connu de tels passages à vide sur ses derniers matchs à l’extérieur mais également à domicile contre Biarritz et Dax. Le SCA s’en était tiré jusqu’alors sans frais au Stadium mais les leçons à ces manquements devront être tirées pour pouvoir continuer à jouer un rôle dans la cour des « grands ». Certes, il n’y a pas péril en la demeure et au classement britannique le Sporting reste à la deuxième place au soir de la septième journée. On assiste d’ailleurs à un regroupement général aux premières places de la Pro D2. Derrière Pau qui caracole en tête, Béziers suit ce soir à neuf longueurs puis quatre autres équipes à onze : Perpignan, Mont De Marsan, Carcassonne et Albi.
Enfin les Albigeois trouveront aussi beaucoup d’espoir dans leur fin de partie et surtout dans la prestation de leur première ligne remplaçante (Dedieu-Ponnau-Sheklashvilli) qui pour la première fois depuis le début de la saison a su soutenir la comparaison. Mieux même, après une nouvelle pénalité convertie par Peluchon (23-27, 65’), la mêlée Albigeoise en obtint une autre à douze minutes du trille final. A quarante mètres, face aux perches, malheureusement pour eux, Peluchon toucha le poteau (68’). La victoire avait choisi son camp et le pack Tarnais dans un dernier effort n’obtint pas non plus la faveur de Monsieur Zitouni.
Se remettre au travail. Tel fut le leitmotiv d’Hugo Mola dès la fin de la rencontre après avoir félicité les Biterrois. On ne retiendra pas les facéties de mauvais goût d’un Rémy Martin, au moment du départ, au volant du bus, actionnant le klaxon. Il eut été sur le coup mieux inspiré de prendre exemple sur le respect et l'humilité des supporters des deux camps qui partagèrent le cassoulet de l’amitié. Quant aux joueurs Albigeois, ils se sont regroupés au coup de sifflet final autour de leur capitaine, comme pour communier… car ils auront bien besoin d’avoir retrouvé tous leurs esprits avant de se rendre au Hameau pour y affronter la Section Paloise. Pas moins que l’équipe qui marche actuellement sur l’eau et qui vient de l’emporter 36 à 11 à Narbonne. Cette équipe réalise le meilleur départ de toute l’histoire de la Pro D2, sept victoires en autant de rencontres, série en cours. Autant dire que tout point ramené de ce périple serait déjà un authentique exploit. Alors comment y parvenir ? En appeler à Sainte Cécile comme d’autres en appellent à Saint Aphrodise ? Ou bien prendre exemple sur les Biterrois qui comme « lou camel » samedi dernier à Albi étaient assoiffés de victoire !
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