Il y a des images qui ne trompent pas. Quand dans le long tunnel du Stadium qui mène les joueurs sur la pelouse, Kevin Boulogne, aujourd’hui sous les couleurs du Biarritz Olympique, ferme la marche en compagnie de Jean-Christophe Bacca, il se sait attendu par les Albigeois et le club qu’il porte grandement dans son cœur. Le nouveau demi d’ouverture du BO, passé par l’USAP et la Section Paloise après son départ d’Albi, doit beaucoup au Sporting Club Albigeois et à Eric Béchu qui n’est plus là mais qui a marqué à jamais l’histoire des « jaune et noir » et de Kévin en particulier.
On n’oublie pas ceux qui vous ont permis d’accéder au haut niveau et Jean-Christophe Bacca, témoin et acteur de cette époque, aura une tape amicale sur l’épaule de son ancien élève, avant qu’il ne foule la pelouse de ses premiers exploits.
Kévin voulait briller sur ses anciennes terres qu’il retrouvera vraisemblablement un jour mais l’émotion était certainement trop forte pour celui qui faillit revenir au bercail à l’intersaison. Une tentative de drop qui heurte le poteau, une pénalité ratée en moyenne position, un ballon envoyé en ballon mort sur une pénal touche, il y a des jours comme ça, où pas grand-chose ne va ! Le jeune prodige n’était dimanche que l’ombre de lui-même.
L’ombre d’un autre « grand » planait aussi sur cette première sortie à domicile des joueurs du SCA. C’est celle d’Henry Broncan. Et à coup sûr le « sourcier Gersois » devait être devant sa télé dimanche après-midi, la casquette du SCA vissée sur la tête et son petit sac à dos sur les épaules. Il a dû apprécier la prestation majuscule de « ses minots » face à une ancienne et glorieuse écurie du TOP 14, favorite pour la remontée.
D’abord le « petit ailier de poche » Gabriel Lacroix de Lombez-Samatan, de son Gers, montra tout au long du match outre sa vitesse de pénétration dans la défense de réelles qualités défensives malgré son gabarit. Il marqua deux essais (3’, 38’) et en offrit un troisième(74’).
Puis Malik Hamadache, le nouvel « Atonio » de la Pro D2, gratifia les six mille supporters Albigeois de belles charges dévastatrices dont celle qui amena le quatrième essai et qui bonifia la victoire face au BO (36 à 14).
Enfin, « l’hidalgo » Mathieu Peluchon fit étalage de tout son talent d’arrière et de buteur avec cent pour cent de réussite au pied (2 pénalités et quatre transformations).
Et après tout cela, surtout n’allez pas dire à Broncan du mal sur le jeune pilier Carmausin Bastien Dedieu qu’il a lancé au plus haut niveau en 2012 et qui, en écopant d’un carton jaune à l’heure de jeu, a malheureusement payé pour d’autres l’accumulation de fautes en mêlée de son équipe. On verra certainement très vite un tout autre Dedieu lorsqu’il pourra à nouveau être associé en tête de mêlée à Maxime Gau, un droitier de petite taille comme lui.
Et puis que dire du retour au Stadium de deux anciens de la maison Albigeoise des belles années TOP 14 et PRO D2 ?
Christophe Lafoy fut simplement impérial au poste de pilier avec son compère Hamadache.
Et André Hough, on a peine à croire qu’il soit parti six saisons tellement il fut à l’aise à son poste, que ce soit dans l’animation du jeu du SCA ou en défense. Celui-là, il a vraiment retrouvé son jardin et une bande de copains qui fait plaisir à voir. A trente et un ans il fait figure en quelque sorte de « papa » des lignes arrières du Sporting. Un papa généreux, bon, qui prit dans ses bras le « petit » Gabriel Lacroix sur son deuxième essai et l’embrassa pour le récompenser d’avoir bonifié le ballon qu’il lui avait donné.
Dédé, c’est aussi le papa traducteur qui traduit les propos du staff ou de son capitaine auprès de ses partenaires anglophones.
Christophe et André, ce sont surtout des gars bien, de très grands professionnels, des références et des valeurs sûres de la PRO D2 comme peuvent l’être César Damiani et Mathieu André en seconde ligne, le lien entre le passé et le présent… et qui fait que cette équipe est déjà en train de marquer les esprits.
Marquer les esprits en PRO D2, comme ont pu le faire ces dernières années l’Union Bordeaux Bègles et l’Union Sportive Oyonnax. C’est tout le mal qu’on peut souhaiter au SCA. Comme dans ces deux clubs, Ugo Mola et Jean-Jacques Castanet ont su aller chercher le profil des joueurs qui manquait aux « jaune et noir », des hommes puissants et rapides à la fois.
Tunufai Tavalea, Daniel Faleafa et Vincent Farré sont non seulement tout cela mais également d’excellents plaqueurs qui refoulent souvent leurs adversaires dans leur camp et inversent la pression. Les Basques durent souvent se mettre à deux, trois, voire quatre joueurs pour arrêter Tavalea.
A la mêlée, Shannon Rick remplaça à la pause Yohann Chateauraynaud, auteur d’une bonne première mi-temps. Et même s’il évolua vingt minutes derrière un pack en souffrance, il marqua un essai plein d’opportunisme (47’) et su bien alterner entre le jeu avec les avants, les trois-quarts ou au pied.
Enfin, côté trois-quarts, Dédé est revenu de Pau en amenant avec lui son copain Sipa Taumoepeau. Ce jeune centre Australien, à peine âgé de 24 ans, est une véritable pépite. Il plaque à tour de bras, il transperce les défenses, il joue juste, il donne au bon moment, il marque un essai (74’).
« Ambitieux, il faut être ambitieux… », tel fut le message que délivra Ugo Mola à ses hommes, dès le coup de sifflet final. Pour l’instant c’est le cas, cette équipe ne manque pas d’ambitions ni de talents. A l’image de la dernière attaque sur la sirène qui part des vingt-deux mètres d’Albi et qui échoue sur la ligne biarrote après une quinzaine de passes, et où la flèche fidjienne Timilai Rokoduru est au départ et à l’arrivée.
Cette équipe n'est pas championne du monde et n'en est qu'à son deuxième match mais elle a indéniablement fait plaisir à son public et au fils à Ugo Mola qui brandissait déjà fièrement le drapeau du Sporting lors du tour d’honneur de ces nouveaux guerriers. De surcroit elle a eu cette capacité de bonifier pratiquement toutes ses attaques car en terme de possession le BO a eu durant la partie plus souvent le ballon.
Samedi prochain, le SCA tentera la passe de trois à Massy qu’ils ont rencontré en amical début août à Sainte Foy La Grande. Ce ne sera pas une tâche facile mais il y a déjà une place de dauphin à défendre et comme le dit la chanson, « c’est comme un cadeau du ciel, qui allume et qui réveille l’ombre d’une histoire du passé… il est revenu le soleil », pas seulement, la télé aussi !
Tarn XV