Lettre aux supporters du SCA PAR ERIC BECHU
La situation préoccupante du club nécessite à mon sens cette lettre que je veux claire, franche et dénuée de justifications fallacieuses. Le statut d’un responsable, quelque soit son secteur d’activité, est d’assumer son rôle et automatiquement ses résultats.
J’assume donc en tant que directeur sportif et entraineur principal de ce club l’entière responsabilité de l’échec actuel de cette saison. Je considère en effet, à la différence de certains exemples récents, qu’un responsable en situation d’échec est forcément coupable.
C’est la première fois, en 2O ans de carrière d’entraîneur, où je suis confronté à une telle série de défaites. A ce titre, j’ai précisé à mon Président et au conseil d’administration que, s’il estimait que mon remplacement était, à son sens, la solution pour retrouver le chemin de la victoire, cela n’altèrerait en rien l’amitié qui nous lie.
Je suis donc prêt à cette éventualité, forcement inhérente à la fonction d’entraineur, à fortiori lorsque celle-ci dure depuis 10 ans. L’usure du discours peut être une des raisons de la situation actuelle. Je partirai donc sans rancœur si on me le demande.
Mais on n’abandonne pas son enfant. Nous avons mis 7ans à amener ce club des barrages de descente en fédérale 2 au top 14. 8 à 10 000 spectateurs sont venus rejoindre les quelques centaines des matches de fédérale, les 60 gosses de l’école de rugby sont aujourd’hui près de 400, notre budget à augmenté de 2 000% et le club est passé de la 80ème place à la 14ème des clubs français.
Cette progression, plus subie que voulue, je rappelle à cet endroit que nous sommes monté en top 14 en 2006 alors que le club était toujours sous structure amateur, s’est terminée par une rétrogradation administrative que nous, joueurs et entraineurs , avons subi de plein fouet. 17 joueurs ont quitté le club, la démarche de progression saccagée et des ruines à reconstruire dans l’urgence. Nous l’avons fait, le club est remonté immédiatement, grâce au don de soi et au talent de nos joueurs.
Nous n’étions pas meilleurs que beaucoup d’équipes de proD2 mais nous avions un tel désir de reprendre ce que nous sportifs n’avions jamais perdu. Nous payons aujourd’hui encore les effets d’une reconstruction à marche forcée. Je rêve parfois où nous en serions à l’heure actuelle si nous n’avions pas eu notre travail réduit en miette. Nous avons repris tardivement la saison certes, mais la dépense mentale et énergétique avait été telle que je n’ose imaginer la somme de blessures supplémentaires si nous avions repris plus tôt. Les joueurs qui ont réalisé l’exploit de remonter ont été assuré qu’ils seraient conservé en cas de réussite.
Je porte un respect sans faille aux joueurs qui tiennent leur parole. J’ai tenu la mienne. Le recrutement a été effectué, comme les années précédentes, sur des jeunes joueurs, souvent en rupture de banc dans leurs anciens clubs, prometteurs, qui ont envie de se construire une histoire. Nous avons recruté en fonction de nos moyens pour être sûr de pas revivre l’invivable.
Malheureusement, l’amalgame que nous voulions mettre en œuvre entre jeunes et anciens n’a pu être effectif du fait d’une cascade de blessures totalement imprévisible. Malgré cela, les matches contre Toulon et le Racing aurait dû être gagnés et notre situation serait tout autre aujourd’hui. Je ne nie pas notre incapacité à retrouver la force de notre pack et notre difficulté à élever notre niveau de jeu.
Nous avions retrouvé contre Bayonne la saine agressivité nécessaire à ce sport qui est avant tout un sport de combat collectif. Las, les joueurs peinent aujourd’hui à faire la part des choses au niveau de l’engagement au regard de l’image perverse qui les suit et que ce match à fait ressurgir.
Nous sommes clairement responsables de nos erreurs de jeu, de coaching, de projet et de mise en œuvre tactique. La situation actuelle nous touche au plus haut point. Nous travaillons d’arrache pied pour refaire le terrain perdu même si les conditions dans lesquelles nous nous entrainons sont souvent celles d’un club amateur. Je souris souvent lorsque nos adversaires décrètent l’huis-clos avant leurs matches importants.
Nous sommes navrés de notre classement car Bernard Archilla et le conseil d’administration ont su en 1 an et ½ réaliser un travail colossal de structuration et de gestion saine du club. Nous leur devons des résultats et nous le savons.
Je voudrais ici évoquer le travail Philippe LAURENT. Il est un des meilleurs techniciens français pour les 3/4. La plupart des entraineurs de top 14 et de proD2 ont eu leur examen sous sa houlette. Je suis profondément choqué lorsque sa compétence est remise en cause. Il a non seulement ma confiance mais aussi mon admiration et mon amitié. Encore une fois, je suis entraineur principal et donc le seul responsable de notre actuelle inefficacité.
Je n’étalerai jamais sur la place publique mes griefs envers les joueurs mais sachez que nos relations sont sans concession et que je ne leur passe rien et qu’en coulisses, l’analyse est parfois très sévère. Pour autant, je les respecte et souvent je les aime car je leur dois toutes les joies que j’ai connues dans ce club. Nous leur demandons un comportement professionnel, ils doivent rendre des comptes mais notre gestion humaine est un des fondements de notre projet. Je ne me dédouanerai jamais de mes responsabilités en les accusant publiquement.
Ce respect, il va évidemment à nos bénévoles, à nos supporters, notamment à Francine et ses amis, à nos partenaires. Nous sommes très reconnaissants de leur soutien et je rappelle souvent aux joueurs que sans eux nous ne pourrions avoir le privilège d’exercer notre métier.
Car oui, nous sommes des privilégiés de vivre de notre passion. Notre métier, public, est soumis à critiques. Il faut les accepter ou changer de métier. Nous comprenons le désarroi de nos supporters, nous le partageons, acceptons leurs reproches comme nous avons accepté leurs louanges.
Pour autant, il est inacceptable de subir des propos désobligeants, sans fondement, pour quelques uns toujours et uniquement négatifs, voire insultants tenus par certains forumeurs sur le site des supporters du club. Je vais parfois lire les écrits car ils sont sources de prise de température de ceux qui aiment ce club autant que moi. Si la liberté d’expression est de toute évidence un axe sacré de notre société et la pensée unique invivable, l’anonymat que les pseudos confèrent à leurs auteurs est beaucoup plus discutable. Il est dommage que pour deux ou trois d’entre eux, je ne puisse pas me rendre sur leur lieu de travail pour vérifier l’excellence de leurs prestations professionnelles et porter sur celles-ci une appréciation toute aussi pertinente que celle qu’ils distillent sur mes joueurs.
J’invite donc ces personnes, mais aussi tous ceux qui aiment ce club autant que moi, bénévoles, supporters, partenaires à venir poser leurs questions auxquelles je répondrai sans langue de bois et en toute franchise le jeudi 29 octobre à 18h30 à la maison des sports du stadium.
Nous sommes et je suis toujours aussi déterminé à maintenir ce club au niveau où nous avons eu tant de mal à le hisser. Nous avons en 10 ans relevés des défis improbables. Celui-ci est à ce jour peut être le plus difficile.
Rien n’est perdu et nous nous battrons de tout notre cœur pour réussir ce nouveau et très compliqué challenge.
Je ne renoncerai jamais.
Eric BECHU
27/10/2009.
.
.