Du beau monde mardi à 18h30 à la maison des Sports de la Ville d' Albi afin de débattre au cours d' un colloque ayant pour thème « la mêlée, au cœur du jeu et des débats ».
A la tribune, Thomas Lombard en animateur habitué des joutes médiatiques, l' arbitre international Jérôme Garcès , les spécialistes es-mêlée que sont Jean-Pierre Garuet, Didier Sanchez, (mêlée d' antan) Clément Maynadier (mêlée d' aujourd'hui), Jean-Pierre Oyarsabal (La Dépêche du Midi).
Dans la salle, on note la présence de Pierre Villepreux, Christian Gajan, JJ Castanet, Président du SCA, Stéphanie Guiraud-Chaumeil, Maire d' Albi, ainsi que de nombreux passionnés de l' ovale venus de divers horizons.
Au cœur du débat, la question principale, un brin provocatrice, de l' ex trois-quart-aile Parisien devenu consultant canal + : » va-t-on, dans le rugby à 15 de demain, passer d' un sport privilégiant le combat, à travers notamment l' affrontement en mêlée, à un spectacle où l' on ferait passer au premier plan le déplacement, les grandes envolées, quitte à sacrifier, comme dans le jeu à 13 ou à 7 les phases d' affrontement entre « gros » ? «
On lit déjà, dans l' œil pétillant de malice de JP Garuet, dit « La Garuche », dans le sourire de Didier Sanchez, la barbe en bataille de Clément Maynadier, la désapprobation totale de ceux qui en connaissent un rayon en la matière. Ils pourraient pendant des heures expliquer et réexpliquer encore aux profanes la position du pilier gauche, les appuis du pilier droit, les astuces de tel ou tel pour prendre le dessus sur son vis à vis...le tout sans se faire prendre par des arbitres toujours de mieux en mieux formés pour débusquer toutes les tricheries organisées, toutes les stratégies mises en œuvre à coup de visionnages vidéo...
En résumé, surtout ne pas dénaturer ce qui fait l' essence même de notre sport, le combat d' abord !
On apprend même que, lors de stages spécifiques, on met les arbitres en situation. On imagine Messieurs Poite, Garcès, Gauzère, Ruiz, etc, avec leur gabarit de demi de mêlée des années 70, disputer entre eux de vraies mêlées, sous la direction de piliers confirmés, afin de bien comprendre de l' intérieur ce qui se passe réellement dans cet affrontement.
Pour M. Garcès, les statistiques parlent d' elles-mêmes. Lors de la dernière Coupe du Monde, 70 % de jeu effectif : les phases de combat sont réduites au strict minimum. Pendant le tournoi, mettant aux prises uniquement des équipes de l' hémisphère Nord, on tombe à 50 %; pour le top 14, on est à 48 %.
Clément Maynadier, talonneur désormais de l'UBB, a noté, pendant la coupe du Monde, les techniques utilisées pour une sortie rapide du ballon après mêlées des équipes du Japon ou du Canada, leur permettant de pallier à leur supposée faiblesse dans ce domaine.
Depuis la salle, Pierre Villepreux explique que les règles et le jeu évoluent toujours vers plus de mouvement. Pendant que certains restent inutilement bloqués dans l' affrontement en mêlée...leN°8 adverse a déjà joué le ballon et s' apprête à filer derrière la ligne (cf l' Angleterre dans le dernier Tournoi...). Le jeu appartiendra toujours à l' équipe ayant les meilleures capacités d' adaptation aux situations. « Et puis, dit-il dans un sourire plein de malice, les joueurs étant de mieux en mieux préparés feront de moins en moins d' en-avants... Conséquence, il y aura de moins en moins de mêlées à jouer...De plus, comme les piliers devront être de plus en plus mobiles, ils arriveront fatigués en mêlée, laquelle deviendra un moment de récupération... »
Les piliers de métier rient jaune... Devra-t-on pointer au chômage ?
Jean-Pierre Garuet, Didier Sanchez plaident pour la formation des jeunes à travers la relance d'une « académie des piliers » créée avec Didier Retière et mise en sommeil actuellement. La structure était destinée à mettre en place les fondamentaux pour former les premières lignes dans nos clubs, notamment chez les jeunes.
Comme il se doit, on oppose les « maçons « , ceux qui en ont bavé sur le terrain et savent de quoi ils parlent, aux « profs de gym » ou aux « ingénieurs » ayant plutôt appris la mêlée dans les livres...JP Garuet et Didier Sanchez se situant manifestement dans la première catégorie...Clément Maynadier, diplôme d' ingénieur en poche, fronce le sourcil. Lui, qui a fait partie de l' équipe d' Eric Béchu, sait ce que « mettre la tronche » veut dire...
La salle est aux anges et apprécie. L' esprit est bon enfant, on se chambre gentiment, à fleuret moucheté. Les intervenants, en grande forme, connaissent leur sujet sur le bout du doigt. Beaucoup de questions restent en suspens, il y aurait encore tant à dire sur ces sujets inépuisables...
A déguster comme une bonne bouteille millésimée qu' on savoure entre amis, initiés ou pas, à l' heure où l' on refait le match...
Merci aux organisateurs de ce colloque, Claude Martin et son équipe d' avoir permis aux passionnés de l' Albigeois d' assister à ces débats de belle tenue.
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