Le 15 janvier 2013

L ' hommage d' un supporter du Sporting

 
A l’injustice !
Il avait eu cinquante-trois ans mercredi dernier, 9 janvier. Il était dans la force de l’âge mais cette « putain » de maladie l’a emporté. Eric Béchu nous a quittés mardi 15 janvier. Il laisse dans une peine immense sa femme Isabelle, Manon et Lily-Marie, ses deux filles, ses proches et une multitude d’amis de la balle ovale et au-delà dont nous faisions partie. Depuis quelques jours on savait malheureusement qu’il n’y avait guère plus d’espoir mais il était tellement un exemple de vie, de combat pour nous tous qu’on avait fini par le croire quand un jour il nous avait dit qu’ensemble, on ne risquait rien !

Le Sporting Club Albigeois est en deuil et pleure aujourd’hui celui qui a écrit durant plus d’une décennie quelques unes et peut-être même jusqu’alors les plus belles pages de notre club avec son ami Jo trop tôt lui aussi disparu, Daniel Blach, Philippe Laurent, Jean-Christophe Bacca… une épopée inoubliable. Humilité, générosité, combat… voilà ce que nous aura appris Eric Béchu. Et lorsqu’au terme de la saison 2008-2009, alors que le maintien sportif en TOP 14 était acquis, la DNACG prononça la rétrogradation administrative du SCA en Pro D2, il sonna l’heure de la révolte et rendit au terme de la saison suivante la fierté à tout le peuple Albigeois en lui offrant avec « ses guerriers » d’alors une remontée immédiate dans l’élite.

Henry Broncan, autre entraîneur emblématique du rugby français et du Sporting, lui succèdera en 2010 et sitôt arrivé saluera le parcours de cet infatigable travailleur, de ce passionné, de cet « ours mal léché » comme il aimait à se décrire lui-même, de cet homme plein d’humanité et si attachant. Pour beaucoup d’entre nous, son départ d’Albi aura été un véritable crève cœur, tout comme l’aura été quelques mois auparavant son coup de gueule avec son fils spirituel et capitaine de toujours Vincent Clément et quelque part cette sortie qu’on aurait voulu plus heureuse pour les deux.

Dans les moments les plus difficiles, Eric Béchu n’eut de cesse de nous convaincre de ne jamais renoncer, de ne jamais se décourager. Surtout lorsque les causes ou les combats sont justes. Et samedi dernier, je n’ai eu aucun doute sur ce qu’il nous aurait dit s’il avait été là parmi nous. Il aurait été fier de nos jeunes joueurs et il aurait compris et approuvé la réaction des supporters à la fin du match. Parce que l’arbitrage à deux vitesses, il n’avait eu de cesse par le passé de le dénoncer. De même qu’on ne prête qu’aux riches, notre rugby a de tout temps semble-t-il mieux arbitré les grosses écuries que les petites. Il n’était pas le seul à le penser… Henry Broncan disait ni plus ni moins la même chose ce weekend.

J’avais écrit un compte-rendu de cette dernière rencontre entre le Sporting et cette magnifique équipe d’Oyonnax qui survole actuellement la Pro D2 comme jamais aucune autre équipe ne l’a fait à ce jour. Le père Urios a fait un travail remarquable ces dernières années dans le Haut-Bugey et, ne croyez pas que les résultats actuels soient le fruit du hasard ; en vérité il ne récolte là que les fruits de son entreprise. Il nous rappelle ainsi sur bien des côtés « notre Eric Béchu » et son œuvre. Comme lui dans les années deux mille, il ne fait plus aucun doute pour personne que Christophe Urios va amener dans quelque mois son équipe en Top 14 et avec elle beaucoup de valeurs chères à Eric Béchu.

Mais le cœur n’y est pas et j’ai mis à la poubelle ces quelques lignes que j’avais écrites et qui n’ont guère de sens aujourd’hui. Pour dire juste un mot sur ce match : est-ce seulement la qualité des Oyonnaxiens qui a fait que le SCA a perdu ? Personne n’est dupe et aussi respectable que peut l’être la personne du maire-adjoint de Mauléon, également cadre de santé du centre hospitalier des Pyrénées de Pau, sa prestation et celle d’un de ces assesseurs au sifflet étaient bien trop imparfaites samedi soir pour les disculper de toutes responsabilités dans la défaite des « minots ».

Alors le coupable est tout désigné me direz-vous ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, les jeunes Albigeois réalisèrent en cette occasion certainement leur meilleure prestation de la saison et ne pouvaient pas faire mieux. Pour autant la logique du classement a été respectée, le leader incontesté l’a emporté face au neuvième. Non, à vrai dire ce qui est le plus rageant, c’est que le système favorise les « gros » et que les jeunes Albigeois aient peut-être sur le coup été spoliés de leur droit de concourir pour les phases finales. Ce n’était pas non plus l’ambition et l’objectif premier de cette équipe et du club mais cela explique aisément la frustration et la colère qui montèrent des travées du Stadium. Bref il y a des injustices dans ce monde et la disparition d’Eric Béchu en est une bien plus importante. « De lui, on retiendra qu’il était un homme de valeurs : celles du rugby, si proches de celles de la vie. ».

Adieu Eric, adieu l’ami, pour les fils de Cathares que nous sommes, tu auras à jamais une place à part dans notre cœur « jaune et noir » !

Tarn XV